La sommation des acouphènes_A Quiet Life Under The Ground

C’est en 2016 que la mort de la femelle mygalomorphe Numéro 16 a été constatée, son intérieur dévoré par les larves d’une guêpe parasite. Elle avait 43 ans, ce qui en faisait la plus vieille araignée du monde jamais observée. Ce n’est qu’en 2019 que l’écho de cette mort me parvient, ses énergies réverbèrent sur les parois encerclant ma moelle. Au même moment, je découvre le texte L’enquête des acouphènes ou les chanteuses silencieuses de la philosophe Vinciane Despret dans lequel elle fabrique des arachnologues qui, à force d’expérimentations sur des araignées, développent d’étranges acouphènes. Ce n’est que maintenant qu’une histoire prétend être racontée : deux enquêteurs de la brigade du paranormal, guetteurs de la communauté des humain·es mygalomorphes (nous y reviendrons), s’enfoncent dans un terrier. C’est dans cette chambre souterraine qu’ils découvriront l’enveloppe corporelle vide de Numéro 16 compostant le sol argileux. Qu’est-il arrivé à ces organes que je ne saurais expliquer par la science ? Il s’ensuit alors un récit musical abstrait et poétique, oscillant entre reconstitution, chant et performance. Dans un espace scénographique bigarré et solaire, les performeur.euses négocient un espace science-fictionnel hanté où iels se désorganisent sans cesse autour d’une cacophonie vibratoire, de cris, de morsures, et d’indices sans grammaire. Un spectacle de fantaisie performative où Gui B.B explore le potentiel de renversement du théâtre musical et les techniques propres au storytelling d’enquête pour créer un espace spectral camp. Une sorte de X-Files humide et érotique, peuplé d’incantations telluriques trans-araignées.